6.2. Sur la vie de l’adolescent
- Au quotidien :
- L’adolescent aura des difficultés d’organisation se
répercutant dans l’horaire de la journée, le ménage et le classement de
son matériel. Il pourra avoir l’impression d’être toujours repris ou que les
adultes sont sur son dos parce qu’il ne fait pas ou plutôt ne commence
pas les tâches demandées. Il aura le sentiment de ne pas faire l’affaire
parce que ses comportements ou que ses remarques ne sont pas
appropriés. Il s’ennuie rapidement s’il n’est pas très occupé. Enfin,
l’adolescent peut se sentir dépassé par la situation parce qu’il fait des
efforts mais ne vit pas de succès.
- Estime de soi :
- Les échecs vécus, les conséquences des comportements
impulsifs, les incompréhensions ressenties ont un impact négatif sur
l’estime de soi. Comme plusieurs situations de non-réussites ont pu être
expérimentées, l’adolescent en vient à anticiper l’échec et à développer un
sentiment d’incompétence dans plusieurs sphères de sa vie. En fait, il aura
l’impression de ne jamais pouvoir réussir les objectifs fixés.
- Socialisation :
- Il est fréquent que l’adolescent puisse vivre des difficultés
sociales de l’ordre du rejet, du retrait ou être influencer par son groupe de
pairs. L’adolescent qui a beaucoup de peine à maîtriser son impulsivité et
son agitation peut devenir une cible facile pour les autres et être sujet à
leurs railleries. Il peut également s’associer à d’autres jeunes ayant des
comportements perturbateurs.
L’adolescent ayant des difficultés attentionnelles prédominantes ne
provoque pas nécessairement le rejet, mais a de la difficulté à créer
facilement des liens avec ses pairs, ses habiletés sociales n’étant pas
assez développées. Fréquemment, ces enfants s’isoleront par eux-mêmes
ou s’évaderont dans des activités solitaires comme la lecture, les jeux
imaginaires et les jeux vidéo.
Les impacts négatifs sur la socialisation sont très éprouvants au plan
émotionnel et développemental chez l’adolescent. L’appartenance à un
groupe de pairs et d’amis est nécessaire au développement social et
émotionnel du jeune et contribue au développement de son identité.
L’adhésion aux valeurs sociales d’un groupe est une étape vers l’autonomie
adulte et la séparation des parents.
- Relation avec les parents :
- L’adolescent TDAH peut vivre davantage de
conflits familiaux en raison de l’instabilité émotionnelle, l’impulsivité et la
difficulté à se conformer aux règles qui caractérisent souvent ces jeunes.
De plus, le jeune a un historique de se faire reprendre, que ce soit à
l’école ou à la maison, en lien avec les tâches scolaires, ce qui peut rendre
la relation plus tendue à l’adolescence. Les relations parent-ado sont
d’autant plus difficiles si le parent n’a pas une bonne compréhension des
difficultés auxquelles son jeune doit faire face.
- Relation avec l’autorité :
- La relation avec l’autorité peut devenir
problématique. Il n’est pas rare de voir de l’opposition se développer
puisque ces jeunes ont souvent beaucoup de difficulté à reconnaître leurs
erreurs. Ils respectent peu les règles ou ne les intègrent pas. Dans bien
des cas, ils n’ont tout simplement pas appris ces règles et sont donc
incapables de les suivre.
- Développement affectif :
- Il arrive que ces adolescents fassent des
crises de colère ou perdent le contrôle de leurs émotions. Il semble même
que les émotions intenses, de colère ou de joie, soient ressenties, ou à
tout le moins exprimées plus intensément par ces enfants que par les
autres. Étant donné ces manifestations émotionnelles et l’impulsivité de
ces jeunes à agir (manque de réflexion), il arrive qu’ils sont décrits comme
immatures. L’anxiété est également un sentiment fréquemment ressenti.
Certains finissent par craindre les situations qui leur causent des
difficultés, comme les situations d’évaluation scolaire ou les sorties. Il
arrive que cette anxiété ne soit pas verbalisée par l’enfant, mais des
symptômes psychosomatiques en sont le reflet. Les maux de ventre,
maux de tête et maux de dos sont fréquemment mentionnés. Ils
disparaissent quand la situation est évitée, ce qui les différencie des maux
dont la cause peut être physique.
Chez d’autres jeunes, on peut remarquer un désengagement et une
tendance au je-m’en-foutisme, surtout après une longue période au cours
de laquelle les conséquences négatives et les échecs sont fréquents.
Comme moyen de défense, ces jeunes finissent par nier toute influence de
la situation sur eux-mêmes. Ils peuvent alors verbaliser leur retrait de
différentes façons : « Ça ne fait rien ». « Ça ne me dérange pas ». « Je
m’en fous ». Il s’agit là d’une façon de se protéger des effets
dévalorisants de leurs échecs répétés et des conséquences qui y sont
associées. En pensant de la sorte, ils réussissent souvent à renvoyer la
douleur ressentie aux parents ou aux intervenants qui imposent la
conséquence.
- Sécurité de la personne :
- La perception du danger des adolescents
TDAH est souvent très faible. En raison de leur impulsivité ou de leur
inattention, il leur est plus difficile d’évaluer adéquatement la dangerosité
d’une situation donnée. Il peut en résulter un taux plus élevé
d’accidents
(ex. : conduite automobile dangereuse, comportements à risque en
planche à neige, sports extrêmes).
- Comportements à risque :
- Les jeunes TDAH sont plus vulnérables aux
abus d’alcool, à la consommation de drogues et aux conduites sexuelles à
risque à cause de leur impulsivité et de leurs besoins de reconnaissance
sociale. Pour certaines d’entres eux, la consommation ou une conduite à
risque peut être une façon de s’automédicamenter.
- Autres impacts possibles :
- Si aucune intervention n’est mise en place, ceux-ci peuvent développer
des comportements antisociaux qui peuvent évoluer vers un trouble de la
conduite. Les actes antisociaux (ex. : vols, attaque aux gens…)
deviennent une façon pour les jeunes d’avoir un peu de succès et
d’obtenir l’approbation de certains pairs. C’est parfois le seul domaine
dans lequel ils ont l’impression de réussir quelque chose.
|